Tours de magie

Choix des Tours de magie, l’embarras du choix (épisode 9)

De quoi vais-je pouvoir me servir ?

C’est en effet une question importante, car j’ai choisi pour ce spectacle, de n’avoir rien sur scène à mon arrivée et je ne veux pas avoir l’air de faire des tours de magie.

Ce qui exclut une installation préalable de matériel. Ce ne sera pas le cas dans « La Maison Magique » que je vous décrirais par le menu plus tard.

Il me faut donc, répertorier tout ce dont mon personnage dispose et qui sera utilisé lors des différents tours et sketchs composant ce spectacle.

Vous remarquerez aisément que si je n’avais pas effectué auparavant un travail d’écriture et de scénarisation, il m’aurait été impossible d’aborder cette phase en toute sérénité et cohérence.

Après de multiples réflexions, j’en suis arrivé à la conclusion que je ne pourrai pas faire l’économie d’un accessoire sur scène, mais il fallait qu’il soit logique, j’ai donc opté pour une chaise dans un premier temps.

Celle-ci, ayant pu être oublié lors d’un précédent spectacle.

Puis la pratique m’appris qu’une chaise avait le défaut d’avoir une assise un peu trop basse et m’obligeais à adopter une position peu esthétique chaque fois que je déposais un objet.

J’ai donc choisi un tabouret de style tabouret de bar et qui avait le côté pratique de pourvoir être utilisé logiquement lors de la partie ventriloquie.

Ceci étant défini, il ne me restait plus qu’à faire la…

Revue de détail

Peter (le personnage qui est sur scène par moi 😉 ) est vêtu d’un pantalon crème, d’un gilet et d’une veste ouverte, il porte un chapeau de paille, un parapluie, un vieux sac de cuir et des mains gantées.

Sur la scène, il y a un tabouret de bar. Que puis-je faire avec tout cela ?

Car contrairement à ce que l’on fait d’ordinaire, je ne compose pas mon histoire à partir de ce que je sais faire comme tours, mais je procède exactement à l’inverse : je crée une situation, un décor, un costume et je cherche ce qu’il est possible de faire.

Dans un deuxième temps, ensuite, j’adapterai les objets en fonction des besoins.

Idées en vrac

Avec le parapluie :

  • Parapluie qui se transforme en bouquet
  • Parapluie en table
  • Ombrelle aux foulards
  • Parapluie volant (adaptation de la canne volante)
  • Dédoublement et production de parapluies.

Avec le chapeau de paille

  • Apparition d’une colombe (flap)
  • Chapeau boomerang (adaptation avec un chapeau de la carte boomerang)
  • Exercice d’équilibre avec le chapeau sur le nez.

Avec les gants

  • Disparition (tirage, topit)
  • Transformation des gants en colombe (tirage et colombe à la manche, ou poche de dépôt à l’arrière du pantalon comme pour une profonde de frac)
  • Gants diminuant
  • Gants en fleurs
  • Gants qui changent de couleur.

Avec le sac

  • Effets de sac inépuisable
  • Motorisation du sac
  • Fontaine d’objets (cartes ?) jaillissant du sac…

Cet inventaire à la Prévert des tours possibles terminé, il me faut faire un choix pour que les effets “collent” avec le scénario.

Il faut que je pose mon chapeau – celui-ci deviendrait vite gênant pour moi – mais sa présence doit être justifiée par son utilisation plus tard.

Peu d’effets me plaisent, car ils ne sont pas dans la ligne directrice du spectacle ; peut-être celui du chapeau boomerang, mais je travaille le plus souvent dans une petite salle à quelques centimètres des spectateurs et la présence d’un fil est beaucoup trop visible.

Je décide donc de garder ce chapeau comme une simple « desserte », posé sur le tabouret de bar, sans faire d’effet particulier.

Mais le fait de poser mon chapeau sur le seul élément « meuble » de la scène va certainement m’imposer une autre action, ou un autre tour.

Car obligatoirement, je vais devoir déposer quelque part le sac que j’ai en main.

Hors de question de le poser au sol, car il contient forcément des accessoires et auriez vous l’idée de déposer un petit sac à terre, ce qui vous obligerait à vous baisser pour le reprendre.

Peter sort une table de son sacLe plus logique serait d’avoir un guéridon, mais ce n’est pas le cas.

Que ferait Mary Poppins ?…

C’est évident, elle fouillerait dans son sac en tapisserie et en sortirait un portemanteau, un vase et ses fleurs et pourquoi pas une table.

Mais je ne veux pas être Mary Poppins, je suis Peter et j’ai de gros problèmes de mémoire et je souffre d’une très grande distraction.

C’est tout du moins, ce que je vois écrit sur le grand tableau qui me sert de pense-bête et sur lequel j’ai noté les caractéristiques de mon personnage afin de les avoir toujours sous les yeux, pendant cette phase d’écriture du spectacle.

Et si Peter après avoir dit bonjour aux enfants, allait le plus naturellement du monde poser son sac sur la table.

Le fait que celle-ci n’existe pas provoquerait un rire et expliquerait en un instant et sans paroles que le personnage est distrait.

Pub KovariEn revanche, le retrait de mes gants doit être la base d’un tour. J’ai choisi celui des gants diminuant “Diminishing Gloves “ proposé par le marchand anglais Kovari : c’est un tour très simple, relativement fort, prétexte à comédie et surtout peu vu chez mes confrères.

L’effet est le suivant :

Le gant de la main gauche est retiré et tenu en boule dans la même main, un peu de poudre magique, un souffle et voici le gant qui a changé de taille.

On refait la même chose avec ce gant de taille réduite et celui-ci diminue encore jusqu’à devenir de la taille d’un timbre poste.

On quitte le gant de la main droite et celui-ci devient géant.

Je ne décrirai pas plus avant le « modus operandi », ce tour étant commercialisé.

Toutefois, l’apparition du gant géant et surtout son dépôt dans mon sac (duquel j’ai tiré la salière magique) me feront une excellente couverture pour une production inopinée de fleurs au bout des doigts, fleurs avec lesquelles je remplirai mon chapeau.

Mais une apparition de fleurs, ne serait qu’un effet magique s’il n’est pas relié à la dramaturgie et au personnage.

Comment donc faire de ces tours de magie, un moment d’émotion magique ?

L'audienceJe suis toujours à cet instant du spectacle, dans la phase d’exposition, de présentation de mon personnage, mais la confiance et l’intérêt des enfants sont déjà gagnés, aussi je peux commencer à les intégrer dans le jeu, car jusqu’ici, il n’avait été que plus ou moins spectateur.

C’est par une question directe pouvant amener plusieurs réponses que je vais ouvrir ce nouveau sketch.

« Vous y croyez vous, .. à la Magie ? »

Je laisse venir les réponses et comme une évidence, je vais dire, en montrant deux enfants qui ont répondu l’un oui, l’autre non :

« Et bien moi, c’est pareil ! J’y crois .. je n’y crois pas, enfin j’y crois… (je fais le geste un tout petit peu). Vous savez pourquoi ? C’est simple, s’il suffisait de dire des formules magiques pour faire des choses extraordinaires, Ce serait trop facile. Parce que moi, des formules magiques, j’en connais ! »

Il est évident, que présenté ainsi les enfants vont me demander de le prouver, ce qui me permettra de prononcer la première formule magique de mon spectacle.

Soudain une fleur apparaît au bout de mes doigts. A aucun moment je ne dois faire le rapprochement entre la formule que je viens de prononcer et l’apparition de la fleur, mais les enfant eux, vont parfaitement faire le lien.

Je joue un temps de surprise, puis comme si de rien n’était, je prends la fleur avec la main gauche pour la déposer dans le chapeau lui aussi à ma gauche, aussitôt, une autre fleur apparaît, puis une autre. Je commence donc à improviser une explication du phénomène qui visiblement m’ennuie beaucoup.

À ce moment les enfants rient déjà et plus je vais tenter d’expliquer les choses plus ils vont rire, jusqu’au moment où je vais comprendre que le seul moyen d’arrêter cela est de prononcer une autre formule magique.

Je vous laisse découvrir la suite en vidéo, car suivant la formule : un petit dessin vaut mieux qu’un long discours.

Ce n’est bien entendu, qu’un extrait de ce sketch (les deux premières minutes), alors pour voir la suite… Venez me voir au théâtre.

Cette technique du running gag dont on connaît d’autres versions, telle celle des bananes de Gaëtan BLOOM permet de donner un “caractère” très lisible à mon personnage.

Désormais, les enfants ont les “clés” et vont pouvoir entrer à plein dans l’histoire que je vais leur raconter.

Toute cette suite d’effets ne représente en fait que le prologue ou l’introduction du numéro. Le personnage bien installé, la magie participative peut commencer.

(à suivre)

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *