“Bébé Magie”, une découverte de l’émotion magique

Bébé Magie – Un projet expérimental à partir de 9 mois.

Au début de cette aventure, il y avait deux moteurs principaux : le désir profond de faire de la Magie autrement et une grande frustration de ce que je pratiquais au quotidien. C’est de ces deux moteurs qu’est né le spectacle “Bébé Magie”. En fait, je n’aime pas le mot spectacle auquel je préfère le mot découverte.

Faire de la Magie autrement

Baguette MagiqueAprès plus de 40 années de pratique de l’art de l’illusion à titre professionnel, je ressentais le besoin absolu de faire le point, de prendre un peu de recul sur ce que je présentais au public.

À mes débuts, c’était la manipulation de cartes, de fleurs, les colombes qui apparaissaient, le costume de magicien avec le frac et la musique d’ascenseur qui accompagnait à l’époque ce type de numéro. Puis ce fut le cabaret, jokes, lines, humour bien calibré, tours vus et revus, mais à chaque fois réinventés. Et enfin, après 20 ans de spectacles internationaux sur les bateaux de croisières, la découverte, puis la passion de la magie pour le très jeune public.

Ce fut le premier choc, car je me suis aperçu que dans ce domaine, nous étions réellement  “le parent pauvre” de notre art. Il semblait à l’époque que seuls les Anglo-saxons avaient “réfléchi” un minimum sur le sujet. En France, pas ou peu d’écrit et pour les quelques publications existantes, on était dans l’adaptation de tours classiques à une apparence de monde enfantin. On pratiquait la magie devant des enfants, pour des enfants, mais jamais avec les enfants.

Dans la plupart des cas et cela, c’est ce qui m’a paru très vite insupportable, on se servait des réactions de l’enfant pour faire rire la salle. Ce que j’appelle moi de la malveillance.

Aucune pédagogie, au sens de relations réfléchies et positives avec les enfants, aucune réflexion sur la composition et la mise en scène des spectacles. Parfois même, un simple tiroir-caisse que les magiciens ouvraient à l’époque des fêtes de fin d’année pour se remplir les poches.

C’est pour cette raison que j’ai ressenti le besoin d’écrire mon premier livre “La grande Magie des Tout Petits”.

Je dois bien avouer que le succès de celui-ci m’a surpris, mais ce qui m’a le plus étonné c’est que j’ai vu se former un groupe d’artistes qui partageaient sans nul doute les mêmes constatations et qui accueillaient mes élucubrations avec intérêts. Des artistes qui n’avaient jamais tenté l’expérience de la magie enfantine ont créé leurs propres spectacles. D’autres publications sont parues sur le sujet. La Magie pour Enfants était devenue dans l’air du temps…

Le Temps de la frustration

Mais, malgré le succès ou plus exactement l’acceptation par le public de mes spectacles très jeune public. J’ai senti que je m’installais dans un parcours de facilité. Je devenais malgré moi, certes un spécialiste reconnu et je l’espère apprécié, mais je ne faisais pas exactement ce que je pensais devoir et être capable de faire.

La Magie théâtralisée que l’on propose aujourd’hui aux enfants est plébiscitée, mais elle montre à mon sens ses limites. Car si j’analyse un spectacle de Magie pour enfants de qualité – car ne soyons pas dupe, il existe encore plus de 80% de spectacles qui se jouent devant les enfants, se disent pour les enfants et ne véhiculent rien avec les enfants – on s’aperçoit qu’en fait la part de l’émotion magique générée est assez faible. Les enfants participent au spectacle, ils rient, interviennent, s’expriment… mais quid du ressenti, réellement magique ?

Les limites de la magie participative

C’est le constat que je fais en regardant ce que je propose et ce que proposent aussi mes confrères. Nous essayons de jouer des spectacles de qualité, qui auront un impact positif, nous répondons au “cahier des charges” implicites des organisateurs, qui souhaitent une participation des enfants. Mais nous passons à côté de l’émotionnel pur.

Ce n’est pas négatif, loin de là, mais en termes de recherche, d’approfondissement de la conception du spectacle de magie pour les enfants, cela pose des questions, dont une principale :

Les enfants aiment-ils le spectacle car il les fait bouger et réagir ou ressentent-ils une émotion magique ?

N’ayant pas de réponse à cette interrogation, je m’en suis posé une autre :

Quel type d’enfant ne réagirait qu’à l’émotion et pas seulement à la participation ?

La réponse est devenue évidente. Ceux pour qui on ne pratiquait pas de spectacle de magie dédiée : Les bébés.

Bébé découverteQuand je parle de magie dédiée, je veux dire qu’il ne s’agit pas des spectacles de crèche que l’on voit à mon catalogue ou celui de quelques magiciens et qui ne sont pas réellement destiné aux bébés, mais fonctionne par la mixité du public, quelques bébés, les parents, les accompagnants et les fratries. Bref se sont des spectacles “tout public” à destination très jeune public. Mais ce n’est pas cela que j’appelle spectacle dédié.

Pour moi le spectacle – ou devrais-je dire la découverte magique émotionnelle pour les bébés – se présente d’une tout autre façon. Elle me permet de discerner parfaitement la part émotionnelle ressentie par l’enfant.

Impossible en effet, de faire interagir à l’extrême un enfant de 9 mois. En effet, on se heurte très vite à des problèmes évidents : manque de motricité, absence de communication par la parole, préemption incertaine, durée d’attention très limitée…

Trouver les outils cognitifs

Il m’a fallu apprendre comment l’enfant évoluait, par quelles étapes de développement cognitif il passait. Comprendre les concepts qui pouvaient entrer dans sa “bulle de perception”. Développer une technique particulière, une gestuelle adaptée, un langage verbal et non verbal. Choisir les objets, et observer les professionnels de la petite enfance : EJE (éducateur de jeunes enfants), assistante maternelle, puéricultrice…

Pour m’apercevoir que l’on ne peut pas présenter une seule et même interventionLe cognitif des bébés reproductible, mais bien une réécriture permanente suivant le lieu, les équipes et les projets pédagogiques.

“Bébé Magie” est opérationnel aujourd’hui et je commence à le présenter de manière professionnelle et non plus expérimentale comme je le faisais jusqu’à présent.

Je ne décrirai pas ici, dans le détail, la structure du “spectacle”, car cela serait inutile et même préjudiciable, car je reste persuadé que chaque “découverte” doit être pensée, inventée, écrite à chaque représentation.

Mais ce que je peux dire, c’est que la découverte n’est pas seulement du côté des enfants. J’ai beaucoup appris, j’ai beaucoup observé et je sais aujourd’hui que l’émotion magique n’est pas une simple formule…

“Bébé Magie” ne sera jamais le Spectacle de l’Année, ou le divertissement plébiscité par le plus grand nombre de spectateurs sur les plateformes de vente de billet en ligne. Mais il est bien plus que cela, il est pour moi, le début d’une nouvelle façon de penser et de présenter de la magie.

La justification d’une vie de Magicien en somme !

 

Vous êtes professionnel de la petite enfance, je vous invite à réagir à cette article et à le commenter, afin de nourrir encore la réflexion et enrichir ce travail de recherche.
Avec mes remerciements,
Peter Din

 

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